En 2020 et en plein essor du numérique et de la digitalisation, nos écosystèmes évoluent. Cela nous pousse à repenser notre façon de travailler pour s’adapter au mieux aux changements qui nous entourent. C’est également le cas pour le monde juridique.
Au-delà de ce lien avec le numérique, la fonction de juriste a largement évoluée ces dernières années. Aujourd’hui, il est considéré comme un véritable partenaire de business, fortement impliqué dans les projets et les décisions stratégiques d’une entreprise. Au vu de l’évolution de son rôle et de sa place en entreprise, le besoin de se faire comprendre par des non-initiés – quand on parle d’un sujet aussi complexe que le droit – est croissant.
Concept venu tout droit des Etats-Unis, le Legal Design entre alors en jeu pour véhiculer des idées et des concepts de manière largement simplifiée à des non-juristes, non spécialistes en droit. Aujourd’hui, le Legal Design est le nouvel atout de la relation client pour les métiers du droit.
Le Legal Design est considéré comme une nouvelle modalité de relation entre le juriste et son client. Il permet de concevoir la transmission de l’information juridique. Mais avant toute chose, de quoi s’agit-il vraiment ?
Le Legal Design : de quoi s’agit-il ?
C’est un ensemble de méthodes permettant de concevoir des documents et des services juridiques compréhensibles.
- Par « méthodes», nous entendons un language juridique clair, un service design, des schémas et des visuels.
- Par « documents», des courriers, des contrats, notes de synthèses ou manuels
- Par « services», on peut comprendre la gestion de contrats, les outils décisionnels, l’exécution de procédures, les ressources documentaires
- Par « compréhensibles», une certaine facilité à comprendre, à lire, à mémoriser, à naviguer, le tout pour économiser un temps précieux.
(Cette définition est tirée du schéma de Sketch Lex)
Le Legal Design est un concept tendance ces dernières années, offrant accessibilité, compréhension, valeur ajoutée, méthodes user-centrics, il se fait une place dans le monde juridique français.
« Le point de départ de la création de services juridiques qui font un usage intense de technologies (legal tech) est, en premier lieu, de s’intéresser à l’utilisateur et à ses véritables besoins. Le Legal Design suppose de remettre l’utilisateur au milieu de la relation. » Comme le précise cette citation de Miroslav Kurdov, Legal Designer et fondateur de SketchLex, l’objectif final est d’apporter un service valorisé pour et par l’utilisateur. Le Legal Design repose en effet sur l’ouverture à l’autre, et donc sur sa propre capacité à ajouter des compétences non-juridiques dans son projet.
Legal Design en pratique, ça donne quoi ?
Comment le Legal Design soulève les problématiques actuelles des fonctions juridiques…
Aujourd’hui, la simplification est un enjeu stratégique pour les entreprises. D’où l’importance de bénéficier de ressources pouvant être accessibles et compréhensibles par tous. L’objectif ? Travailler ensemble, éveiller ses sens collaboratifs et faire avancer les projets main dans la main.
Concentrons nous sur la fonction juridique, thème central de cet article. Nous le savons tous, les textes juridiques sont souvent longs à lire et parfois fastidieux à comprendre. Il n’est d’ailleurs par rare de signer sans lire un contrat à rallonge, ou d’accepter les conditions générales de ventes sans les lire sur un site internet. Deux raisons : soit par manque de temps, soit parce que le langage utilisé est trop difficile à saisir. Lire et comprendre un contrat est pourtant quelque chose de plus que nécessaire : le manque de compréhension peut engendrer un manque de sécurité juridique, en plus du fait que la personne peut se retrouver très rapidement sans connaissance totale de ses droits et obligations.
Ici est soulevée une réelle problématique à laquelle le Legal Design permet de répondre très simplement. Ce concept consiste à dessiner un objet juridique pour le rendre plus en phase avec ses utilisateurs, il est ici question de concilier le droit et l’usage actuel de l’information.
Cependant, au-delà de la visualisation simplifiée du droit, le Legal Design ne doit pas être considéré comme approximatif. Il vient compléter et simplifier la circulation de l’information juridique mais ne la remplace en aucuns cas.
Le Legal Design, précisément, comment ça fonctionne ?
Comme explicité dans les lignes précédentes, le Legal Design consiste à créer un visuel à partir d’un texte juridique. Ce design doit résumer les points juridiques les plus importants et langage clair. L’objectif direct est simple : il doit permettre à tout le monde de connaître, en un rapide coup d’œil, les éléments clés d’un document juridique.
Le Legal Design peut prendre plusieurs formes : la plupart du temps le document légal se transformera en schéma, en infographie ou en slides. Des éléments clés s’y retrouvent : des images, des icones, un texte clair sous format de bref résumé et des mots clés. Cela semble être la recette parfaite pour un bon document présenté en Legal Design !
Des avantages certains, mais une utilisation prudente recommandée
Cette nouvelle pratique séduit les spécialistes du droit, et les raisons sont multiples.
Avant toute chose, il est important de mentionner l’économie certaine de temps : expliquer un contrat prend beaucoup plus de temps que de présenter un schéma simple, qui sera rapidemment compris par un non-initié. En parallèle, l’information est clarifiée. Le Legal Design permet une meilleure compréhension de la part du client et permet alors d’instaurer une réelle relation de confiance. Grâce à ce concept, de vrais échanges peuvent s’établir entre le juriste, qui démontre tout de même son expertise, et son client, qui peut interagir car il a une meilleure compréhension du sujet.
Comme partout, quelques freins surviennent. Certains juristes se montrent réticents face à ces supports juridiques trop accessibles. On parle alors de la vulgarisation du droit. De plus, le Legal Design peut orienter une partie vers un certain choix. Selon la manière dont est présenté le document, il peut être découragé ou incité à effectuer certaines actions.
Comme précisé plus haut, les documents de Legal Design ne remplacent pas un réel contrat, et ne reprennent pas l’entièreté de l’information prévue par le Droit. C’est un concept qui permet d’accompagner les non-initiés dans la compréhension du droit, et notamment des contrats auxquels ils sont rattachés, pas de les supprimer.
Le Legal Design est donc à utiliser avec prudence, et une réelle formation est nécessaire pour apprendre à le maîtriser et à l’utiliser de manière optimale.
On présente aujourd’hui le Legal Design comme un outil puissant pour les Directions Juridiques ou pour les cabinets d’avocats qui souhaitent innover. Il est tout de même important de notifier qu’un document créé en mode Legal Design ne remplacera jamais un texte juridique. Une certaine maîtrise est nécessaire, et s’accompagner d’organismes spécialisés semble être une nécessité pour bénéficier de tous les avantages de ce concept, sans en recueillir les inconvénients.
En 2021, et dans le cadre de ses formations « Innovation 2021 », Ordiges – en collaboration avec Lapisardi Avocats et le cabinet Lexclair – lance une Masterclass Legal Design : 10 jours pour concevoir votre clausier innovant « commande publique 2021 ». L’objectif est de réunir des professionnels pour échanger autour de ce sujet et se former ensemble à la technique innovante du Legal Design.
Si vous êtes intéressés, vous trouverez toutes les informations nécessaires ici. Vous pouvez également prendre directement contact avec nos référents formateurs en écrivant à formations@ordiges.com.
Article rédigé par Pauline Monier – chargée de marketing & communication