1 acheteur public sur 2 déclare ressentir une charge de travail trop lourde. Et pour 1 sur 5, cette charge est carrément excessive (source : enquête interne France Travail, 2024). Dans ce contexte, les acheteurs publics se retrouvent en première ligne. Leur rôle exige une vigilance juridique permanente, une responsabilité financière non négligeable, et une pression quotidienne liée aux délais, aux fournisseurs, aux usagers. Autrement dit, un combo qui mène facilement à l’épuisement, voire au burn-out.
Ce sujet, qui se veut encore discret, s’impose pourtant aujourd’hui comme un véritable enjeu. En effet, dans un contexte de surcharge et d’objectifs toujours plus ambitieux, la santé mentale des acheteurs n’est plus un simple sujet RH. C’est un levier de performance durable pour les organisations publiques.
Il est donc essentiel de comprendre ces problématiques pour mieux les appréhender et davantage accompagner ceux sans qui beaucoup d’entités ne pourraient fonctionner.
❯ Un métier sous pression : la réalité des acheteurs publics
Acheter pour le compte de l’État, des collectivités ou des hôpitaux, c’est travailler en permanence dans cadre réglementaire strict avec procédures techniques (en plus d’être chronophages). Depuis la réforme de 2022 sur la responsabilité financière des gestionnaires publics, l’erreur dans les process coûte encore plus cher.
Et au quotidien, le métier d’acheteur public implique bien plus que ce que la fiche de poste laisse entendre. Parmi les sources de pressions que nous connaissons il y a :
- La lourdeur des procédures. Comme évoqué précédemment, elles nécessitent une maîtrise technique constante, qui se veut exigeante, davantage quand il est question d’appels d’offres, de règles de mises en concurrence, du devoir transparence ou encore de traçabilité des données…
- La gestion de plusieurs dossiers (en même temps sinon ce n’est pas drôle). Les acheteurs doivent gérer simultanément plusieurs consultations, sollicitations internes, relances fournisseurs, souvent dans l’urgence. Il faut donc rester disponible, réactif, précis, jongler de services en services, et ce, avec parfois peu de reconnaissance, ou dans un isolement professionnel.
- Le stress de la responsabilité car on le sait toute erreur peut entraîner sanctions, contentieux, ou blocages budgétaires.
- La menace d’un sous-effectif chronique, avec une difficulté à recruter des profils qualifiés.
❯ Des conséquences sur la santé mentale
Et des conséquences il y en a forcément. Ce quotidien génère une fatigue profonde et une charge mentale constante. Les signaux d’alerte sont souvent là mais ils passent inaperçus… ou sont tus.
En fait, on parle parfois de burn-out, mais le plus souvent, on ne parle pas du tout.
Pourtant on observe toujours :
- Un enchaînement de tâches qui mobilisent à la fois des compétences juridiques, administratives, relationnelles et logistiques, sans véritable respiration
- Une pression hiérarchique ou politique constante pour « faire mieux avec moins »,
- Et des équipes souvent sous-équipées qui peinent à suivre la cadence.
Finalement cette tension est devenue la nouvelle norme, accepté comme un état de fait. Le problème c’est que ce contexte alimente cercle vicieux : les postes attirent de moins en moins, les jeunes formés se font rares aussi, et ceux qui restent doivent assumer une charge toujours plus lourde.
Moins d’agents = plus de pression pour ceux qui restent.
❯ Un facteur de risque pour la commande publique
On pourrait croire que la santé mentale est une affaire individuelle.
Pourtant, ses effets sont tout sauf isolés : ils sont systémiques. Et lorsqu’on prend un peu de recul, on réalise qu’ils touchent aussi directement la performance et l’attractivité du métier.
Quand un agent est en surcharge :
- Il devient plus vulnérable aux erreurs (juridiques, budgétaires ou éthiques).
- Il perd en qualité relationnelle ce qui peut tendre les échanges avec les fournisseurs ou les collègues internes.
- Il peut finir par se désengager, voire quitter la structure, accentuant encore les difficultés de recrutement et la perte de compétences.
Bref, la tension ne reste pas cantonnée à un bureau. Elle se propage dans toute la chaîne de valeur de la commande publique, qui en sort fragilisée.
Dans ce contexte, faire de la santé mentale un sujet de priorité n’est pas une option de confort. C’est un levier stratégique. Pour fidéliser. Pour stabiliser. Pour renforcer les équipes.
Et pour que cela fonctionne, il ne suffit plus de dire merci. Il faut aller plus loin : accorder des moyens, du temps, engager de manière plus réaliste, et former autrement.
❯ Des pistes de solutions engagées
Bon, tout n’est pas tout noir.
En réalité plusieurs marges d’améliorations sont en cours.
La prise de conscience progresse, et certaines mesures sont en cours de déploiement :
- La plateforme « Place » : d’ici 2028, tous les marchés publics de l’État, des hôpitaux et des organismes de sécurité sociale y seront centralisés.
- La mise en place du dossier de candidature simplifié (prévu pour 2026) : les entreprises n’auront plus qu’à fournir leur SIRET, le reste des données étant récupéré automatiquement.
- Généralisation de la médiation : pour limiter les contentieux et conflits entre parties.
Ces efforts vont dans le bon sens mais, jugés insuffisants, doivent s’accompagner de réponses opérationnelles concrètes.
❯ Mieux gérer grâce à des outils pensés pour les acheteurs
La bonne nouvelle c’est que de plus en plus d’acteurs travaillent sur le développement de solutions de gestions complètes pour simplifier et réduire la charge cognitive.
Et avec l’essor de l’IA, ça aide.
Le but n’est pas non plus d’opposer performance et bien-être. Il s’agit de reconnaître que l’un ne va pas sans l’autre car une gestion des achats efficace, innovante et durable ne peut pas reposer sur des équipes épuisées.
Le logiciel LiaWeb par exemple permet de piloter toute la gestion des marchés depuis une plateforme unique :
- Centralisation des données
- Automatisation des relances, des alertes et des étapes réglementaires
- Accompagnement des équipes avec des formations intégrées
Ce type de solution ne vise pas à alourdir les processus, mais à les simplifier de façon évolutive et maîtrisée, sans bouleverser les habitudes des utilisateurs.
Bien entendu, au-delà d’un outil, c’est une culture de la prévention qu’il faut développer dans la commande publique :
- Sensibiliser les managers à la gestion de la charge
- Améliorer la coopération entre services
- Redonner du sens au travail des acheteurs
❯ Conclusion
La gestion des achats publics ne peut plus être abordée uniquement sous un prisme technique ou réglementaire. La charge mentale qu’elle génère doit désormais être prise au sérieux, au même titre que l’innovation ou la performance. Continuer à faire comme si cette réalité n’existait pas, c’est prendre le risque d’en affaiblir les fondations humaines et stratégiques.
Les dispositifs actuels, bien qu’utiles, restent trop maigres face aux enjeux du terrain. Ce n’est pas d’idées dont les acheteurs publics ont besoin, mais de moyens concrets, pensés pour eux, avec eux.
Investir dans la santé mentale des acheteurs ça fait aussi partie de la responsabilité. Humainement, parce qu’aucune organisation ne peut fonctionner durablement sur l’épuisement de ses équipes. Et stratégiquement, parce que les ressources humaines restent l’un des leviers les plus puissants de performance dans la commande publique.