Dans notre quotidien, l’utilisation d’internet est devenue un réflexe. Nous l’utilisons pour communiquer sur les réseaux sociaux, pour faire des réservations en ligne, pour activer notre GPS. Les technologies d’information jouent un rôle très crucial dans notre société et sont au cœur de nos usages quotidiens. Mais nous savons également que notre utilisation du numérique est l’une des plus grandes pollutions de notre environnement et de la nature.

En effet, les terminaux (smartphones, ordinateurs portables, tablettes, télévisions, enceintes connectées, écrans d’ordinateurs…) que nous utilisons se connectent entre eux à travers des infrastructures réseaux afin d’échanger des données stockées. Mais, ce cheminement nécessite de l’énergie et la consommation de cette énergie à des impacts négatifs sur l’environnement.

Pour montrer l’impact du numérique sur l’environnement, une étude relative à l’évaluation des politiques publiques pour réduire l’empreinte carbone du numérique a été menée par le Cabinet Citizing et le Cabinet KPMG sur demande de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Senat.

D’après les résultats de cette étude, le numérique serait à l’origine de 3,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. Aussi, le numérique constitue en France une source importante d’émissions de gaz à effet de serre.

Par ailleurs, nous pouvons constater que la consommation d’énergie due au numérique augmente de plus en plus au fil des années et l’émission de gaz à effet de serre pourrait s’accroître considérablement dans les années à venir si l’État n’intervient pas rapidement pour en réduire son impact.

Comment réduire l’empreinte carbone du numérique ?

 

Lors de la table ronde organisée au Senat le 29 janvier sur l’empreinte carbone du numérique, Hugues Ferrebœuf a affirmé que

« La seule manière pour renouer avec une trajectoire soutenable consiste à revenir à plus de sobriété ».

 

La sobriété numérique est un concept qui ait apparu il y a des dizaines d’années en France sous l’impulsion de Frédéric Bordage, ingénieur et fondateur de Green IT. Ce concept vise à réduire la consommation d’énergie et à améliorer l’empreinte écologique et sociale du numérique. Aussi appelé achat numérique responsable, c’est une démarche mise en avant par l’État pour réduire l’empreinte carbone du numérique.

Pour ce faire, les membres de la mission interministérielle dont font partie la direction interministérielle du numérique (DINUM), la direction des achats de l’État et le ministère de la Transition Écologique, ont publié un guide pratique pour des achats numériques responsables. Selon eux, la fabrication des équipements informatiques concentre la grande majorité des impacts environnementaux et sociaux du numérique. Par conséquent, il est très important de développer une politique d’achat numérique responsable dans les collectivités, les administrations, les entreprises.

Afin de mener une démarche vers un numérique responsable, le guide pour des achats numériques responsables relève quatre objectifs à atteindre, à savoir : la réduction de l’impact environnemental, l’amélioration de l’impact social, la réalisation d’économie et l’innovation.

Par ailleurs, les services de l’État ainsi que les collectivités territoriales doivent veiller à limiter la consommation énergétique de leurs services numériques notamment lorsqu’ils élaborent des projets de smart city ou des solutions de mobilité innovantes. En effet, il est nécessaire d’évaluer systématiquement la pertinence énergétique et carbone d’une technologie ou d’un service avant leur mise en place.

Aussi, la réduction de l’empreinte carbone devra passer par la limitation du renouvellement des terminaux, par la mise en veille des appareils électroniques, par la réparation des appareils en lieu et place d’un nouvel achat.

De plus, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a créé, le 14 décembre 2019, une mission d’information, ayant pour objectif de mesurer l’empreinte environnementale du numérique en France, d’évaluer l’évolution de cet impact dans les prochaines années et de formuler des pistes d’action pour les politiques publiques concernées.

Pour mener à bien les travaux, la mission d’information a adopté une feuille de route regroupant quatre axes pour une transition numérique écologique à savoir :

 

  • Axe 1 : Faire prendre conscience aux utilisateurs du numérique de son impact environnemental
  • Axe 2 : Limiter le renouvellement des terminaux, dont la fabrication et la distribution représentent 70 % de l’empreinte carbone du numérique en France
  • Axe 3 : Faire émerger et développer des usages du numérique écologiquement vertueux
  • Axe 4 : Aller vers des data centers et des réseaux moins énergivores

 

 

Le numérique est « de plus en plus vorace » comme l’a décrit le Shift Project dans son rapport « Pour une sobriété numérique ». Sa consommation accrue s’explique par l’utilisation régulière des terminaux, et surtout par l’instauration du télétravail, qui était censé réduire les émissions de gaz à effet de serre mais tel ne fut pas le cas. Au contraire, il est à la base d’une augmentation des stockages des données en ligne, du nombre de visioconférences et de la visualisation des vidéos streaming.

Pour réduire l’empreinte carbone du numérique, il est impératif d’adopter un usage raisonné en ayant les bons gestes : veillez à éteindre vos appareils après utilisation, optez pour le recyclage, optez pour l’achat d’appareils reconditionnés.

 Soyons tous responsables de l’environnement et optons pour une sobriété numérique.

 

Lise Armande Ahimin

Juriste-consultante Ordiges France

Spécialisée en Droit public des affaires et contrats publics

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